FESTIPOT 2010 : L'INDE

Cette année, nous avons reçu trois Artistes exceptionnels venus d’un pays qui nous laisse tous rêveurs. Si grand, si coloré, si imposant, si peuplé, si multiculturel, si artistique… tant de superlatifs pour nommer l’Inde.

Avec elles, nous avons rêvé, crée, ri et pleuré.

 

Présentation du travail de l’argile au Rajasthan  

Molela est un village paisible du sud du  Rajasthan se situant à 10 km de la ville de nathdwara, au nord d'Udaïpur.

Molela est connue pour sa production de bas-reliefs en terre cuite représentant des dieux ou des héros locaux; ceux-ci sont très prisés par certaines tribus qui n'hésitent pas à parcourir des kilomètres pour acheter un de ces bas-relief destinées à orner  leurs temples ou leurs sanctuaires.

C’est là que Michel Gardelle, Président de l’Association Terres d’Aquitaine avec qui nous organisons Festipot,  a rencontré Shyam Lal Kumhar.

Dans ce pays, le savoir-faire potier est du type patriarcale, ce sont les hommes qui procèdent au façonnage des formes (tour et modelage). Les femmes n’interviennent que dans les phases basiques, mais toutes aussi importantes : la préparation de l'argile, la finition et la décoration des pièces plaques, l'enfournement...

Les revenus liés à l'activité de la poterie ne suffisent pas toujours  pour subvenir aux besoins de la famille, et pour y parvenir les potiers doivent aussi travailler aux champs. 

Shyam Lal Kumhar et son épouse Lali Devi Kumhar ont deux enfants Lalit et Nirmla ; et vivent avec la mère de Shyam Lal , sa soeur et son fils,  et avec son oncle.

Le travail de bas-relief ne nécessite que peu d’outils : la patya (planchette de bois 20x10 cm), le pindi (percuteur en pierre) le bhaladhi (couteau forgé)- de l'eau et du crottin d'âne en paillis.

Shyam Lal entreprend le modelage de Dharma Raja héro issu de la tradition orale. il est toujours représenté sur un cheval et accompagné d'un serpent

Le travail s'effectue à même le sol.

Shyam Lal malaxe une partie de l'argile sur la planchette de bois. Il disperse sur le sol un peu de paillis, dessus Shyam Lal aplatit sa balle de terre, d'abord à la main puis à l'aide du percuteur jusqu'à former une galette ronde d'une épaisseur de 1,5 cm.

Il l'humidifie puis lisse avec la planchette. Il taille à main levée dans la galette la forme du panneau.

Avec la terre restante il fabrique un colombin de 50 cm de long. Il commence par poser les éléments du cadre et ajoute de petites boules aplaties  au pouce sur le haut pour affiner le décor.

A l'aide d'un colombin plat , il façonne les contours de son sujet  puis pose une plaque qui épouse les contours. L'ensemble est lissé arrondi au doigt.

Différentes ouvertures sont aménagées afin de laisser passer l'air.

La gestuelle de Shyam Lal est rapide, sûre, précise

Il ajoute une  petite plaque triangulaire pour le façonnage de la tête du personnage et un demi cylindre pour le corps. Enfin, il complète avec des petits éléments le décor. (vêtements, bijoux, harnais du cheval par exemple ci-dessous)

Le bois utilisé pour la cuisson est du bois de Nin et de Baboul. Le four est sous un abri de tôles que Shyam Lal retire au moment des cuissons pour éviter que les fumées ne s’accumulent.

Pour cuire, Shyam Lal et sa soeur rassemblent les plaques autour du four.

Shyam Lal prépare de gros morceaux de tessons . Lali passe les plaques à Shyam Lal qu'il dispose contre les parois intérieures du four tout en intercalant des morceaux de tessons pour le passage de l'air.

L'enfournement ( un peu aléatoire) se fait en ligne, en écaille dos à dos quelques unes face à face jusqu'au centre puis la même  opération est répétée depuis le côté opposé.

La manipulation des plaques se fait sans trop de précautions et montre ainsi leur solidité à cru.

Le potier recouvre l'ensemble par des petites réalisations ( à plat face vers le bas) avant de commencer la cuisson .

FESTIPOT : La Fête

Vous l’avez compris, un stage unique attendaient les stagiaires qui ont été nombreux cette année.

9 personnes, des quatre coins de la France sont venus les 24, 25 et 26 juin dernier pour découvrir l’art exemplaire du  façonnage sur plaque, un projet inédit à la Bâtisse.

Ces bas-reliefs témoignent de la précision et de la finesse de l’art indien et pour beaucoup, il aurait été impensable de manquer pareille opportunité pour découvrir la qualité de ce travail.

Autour du stage, comme à notre habitude, de nombreuses animations ont été organisées durant le week-end. Le samedi soir, nous avons renouvelé la soirée théâtrale et musicale. Comme chaque année, les comédiens Eric Pierrot, Nathalie Roussel, Angelo Bardi, Nathalie Villeneuve et Yves Prunier nous ont fait le plaisir de venir interprêter  des extraits de Colette. Par la suite, le concert du groupe Modibick venait clôturer la soirée

Les comédiens Nathalie Villeneuve, Nathalie Roussel et Angelo Bardi

Le dimanche, les jardins de la Bâtisse se sont remplis avec le marché d’artisanat d’art et de terroir qui a reçu plus de 25 exposants : sculpteurs, viticulteur, potiers, tourneurs sur bois, brasseur, forgeron : toujours plus de participants diffusant avec passion leur savoir-faire.

Pour amuser et proposer toujours plus de choix  à nos visiteurs, une calèche reliait la Fête de la Poterie de la Bâtisse  à la fête de la St Pierre à Moutiers : les deux Fêtes avaient  lieu le même week- end. Pour mieux accueillir les enfants, des ateliers terre et un château gonflable avaient même été prévus.

L’inauguration officielle du festival s’est fait avec la présence de Monsieur l’Ambassadeur de l’Inde et de Monsieur le Préfet de l’Yonne, soutenu par nombreux officiels de la région, Monsieur Soisson, Ancien Ministre et Député de l’Yonne, Monsieur le Maire d’Auxerre Vice Président du Conseil Régional, Monsieur le Sénateur, Monsieur le Président du Pays Puisaye-Forterre .

Nous avons été félicité pour notre organisation et notre énergie déployées pour la promotion des savoirs-faire traditionnels et l’artisanat  de France mais aussi de son ouverture sur le monde..

La fête a continué jusque dimanche en fin de journée aux sons des musiques de l’Inde avec des joueurs de Sithou et de tablas, accompagnés d’une voluptueuse et magnifique danseuse indienne.

Regard sur : Frederic Esposito, tourneur sur bois…

Venu à Festipot pour présenter sa production, Frédéric nous a aussi fait l’honneur de nous démontrer son travail et de nous faire essayer… et ce n’est pas Miss Bourgogne qui peut dire le contraire. D’une gentillesse rare, vous trouverez son travail sur tous les marchés artisanaux autour de Joigny mais aussi sur son Blog tournagesurbois89.canalblog.com